Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/137

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prit toute une série d’idées nouvelles, et après avoir fait lentement deux ou trois petits signes de tête, il dit : « Chère sœur, je vous remercie ; j’étais comme Pancirole, je n’avais jamais pensé à rien de tout cela. »

Cette fois, la joie qu’Olimpia ressentit en entendant ces paroles sortir de la bouche du pape, fut d’une nature toute différente de celle qu’elle avait éprouvée en obtenant la promotion de son neveu. C’était un bien-être général qui lui laissa la libre disposition de son esprit et de ses mouvements. « Avant de me retirer, cher frère, dit-elle, je n’ai plus à vous entretenir que d’une affaire qui vous prendra peu d’instants. » Elle lui présenta plusieurs cahiers de papiers qui formaient la plus forte portion de la liasse, et ajouta : « Voilà les comptes du mois passé, sur les revenus des gabelles et des bénéfices de la circonscription de Rome. Ces comptes ont été apurés contradictoirement par Pancirole et Raggi, et je les ai revus moi-même. Le total est de cinquante mille ducats, et cette somme vous sera apportée et remise demain soir à la brune, par Gualtieri. Avez-vous encore de la place pour loger ces fonds ?

— Oui. Tenez, le quatrième coffre dessous mon lit est à peu près vide, et il pourra sans doute contenir la somme que l’on doit apporter.

— C’est bien.

— Sœur ! vous êtes une personne incomparable.

— Saint-père, vous êtes si excellent, que vous forcez vos amis à devenir ingénieux pour se rendre dignes de vos bienfaits. »

Elle agita doucement une sonnette. Pablo, avec son vêtement noir et sa figure blême, parut en entr’ouvrant la porte : « Avertissez mes gens, » lui dit-elle ; puis s’étant sérieusement préparée cette fois pour le départ, elle souhaita la bonne nuit à son frère, mit un genou en terre, reçut la bénédiction du pontife, et sortit pour monter en voiture et rentrer au palais Pamphile.