Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/166

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min de l’appartement qui lui était destiné, Olimpia commençait à solliciter l’activité de ses domestiques pour éteindre les lumières, couvrir les meubles, et resserrer dans des coffres les vases d’or et les objets précieux dont elle avait momentanément orné ses salons. Demeurée seule au milieu de ses laquais, et ayant passé la longue pente de sa robe sous un de ses bras pour exercer sa surveillance avec plus d’activité, elle allait de l’un à l’autre, avertissant celui-ci, morigénant celui-là, selon qu’ils ne s’y prenaient point à sa fantaisie, et poussant la réprimande jusqu’à la brutalité, quand l’empressement ou la maladresse d’un serviteur lui faisait craindre qu’il n’y eût quelque objet de brisé. Non contente de ces soins, lorsque tout était replacé, Olimpia, accompagnée de sa camériste, la malheureuse Flaminia, parcourait encore le palais, et faisait la ronde depuis l’étage supérieur jusqu’à la porte d’entrée, dont elle examinait soigneusement la serrure. C’est alors que, rentrée dans son appartement, elle écrivait sur les lettres qu’elle tenait toujours courantes pour Pamphile, les observations, les craintes, les conseils et les espérances qu’elle avait à lui confier. »

— Qui est donc cette Flaminia ? demanda M. de Beauvoir, dont l’attention avait été arrêtée par l’épithète jointe à ce nom. — Vous entendrez sans doute parler d’elle à Rome, répondit l’abbé en laissant voir qu’il ne voulait pas en dire davantage. Il y a une foule de détails aventurés ou trop longs dans cet écrit, et j’omets de vous les lire. L’auteur s’étend ici sur la conduite de dona Olimpia envers ses enfants, avec une prolixité qui vous fatiguerait. Ce n’est, certes, pas à tort qu’il taxe cette femme d’avoir subordonné tous les sentiments naturels à son insatiable ambition ; mais il n’omet aucune des circonstances qui se rattachent à sa conduite envers ses enfants, et je ne vous dirai que celles qu’il peut vous importer de connaître. Ainsi, il raconte le mariage de ses filles, dont l’aînée, Camille, fut mariée au marquis André Justiniani, et la seconde, Constance, à Nicolas Ludovisi, prince de Piombino. En cette occasion, il exagère sans doute les vues ambitieuses de dona Olimpia, à qui sa position permettait de rechercher de telles alliances pour ses filles.