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CHAPITRE III.

Tous ceux qui ont habité Rome n’ont pas manqué de visiter la villa Pamphile, située hors des murs, au delà de la porte Pancrace ; et il suffit de s’y être promené une seule fois pour que le souvenir de ce lieu se grave éternellement dans la mémoire. Cet élégant pavillon s’élevant sur des terrasses étagées et dominant les jardins ; la grotte des Tritons, ces pentes ombragées par lesquelles on parvient à la grande plantation des pins marins, et ces échappées sur la campagne sauvage des environs de Rome, donnent à cette habitation un charme inexprimable. Ce qui frappe surtout, c’est le mélange qu’on y trouve des productions de l’art mariées si heureusement aux beautés de la nature agreste ; ce rapprochement que l’on y fait sans cesse ne laisse jamais l’âme du promeneur inactive.

L’origine de cette gracieuse habitation ne remonte pas bien haut, car c’est don Camille Pamphile, fils de dona Olimpia et neveu d’innocent X, qui la fit construire et planter vers les premières années du pontificat de son oncle. Ce jeune homme que sa mère avait si soigneusement entretenu dans l’ignorance pour le rendre plus souple à sa volonté ; ce fils qu’elle avait fait nommer cardinal deux mois après l’exaltation d’Innocent, avec l’espérance d’en faire une espèce de mannequin qu’elle animerait de son intelligence et de son ambition ; ce jeune cardinal Camille parvint à se soustraire à cette tyrannie, grâce à un événement, et par un moyen qu’il était absolument impossible de prévoir.

Dans le temps même où sa mère le fit revêtir de la pourpre, il était tout préoccupé de la construction et des jardins de la villa qui porte son nom. Algardi, jeune artiste bolonais aussi remarquable par la diversité de ses talents que par l’élévation de son caractère, était chargé des travaux d’architecture, de sculpture et de jardinage que comportait l’ensemble de cette entreprise, et le jeune cardinal, tout neveu et cardinal-patron en titre qu’il fût, se trouvait plus sou-