tendant la main, je vous remercie du soin que vous avez pris de me conduire à mon appartement. Je m’aperçois, au surplus, que tout ce que monsieur votre oncle m’a dit de vous répond à ce qui est. Vous êtes un aimable jeune homme, et si, comme je n’en veux pas douter, vos connaissances et vos talents sont dignes d’éloge ainsi que votre caractère, vous ferez facilement votre chemin dans le monde. » L’air de supériorité avec lequel ces paroles furent prononcées diminua tout à coup la joie un peu présomptueuse que venait d’éprouver Ernest ; aussi s’empressa-t-il de faire un salut de remercîment, en indiquant par son geste l’intention où il était de se retirer pour laisser son hôte prendre du repos.
Mais celui-ci le retint. « Vous logez près de moi, ajouta-t-il ; la nuit est chaude, je suis peu dormeur, et si vous voulez seulement me permettre de passer un vêtement plus léger, nous ferons connaissance en causant un peu avant d’aller nous mettre au lit. Nous avons à parler de bien des choses qui vous intéressent. » L’invitation était précise, faite d’un ton de commandement amical qui rendait tout refus impossible : aussi Ernest demeura-t-il, après avoir donné un signe de consentement où il y avait cependant plus de gravité que de respect.
— Mon cher Ernest, reprit M. de Thiézac en se jetant sur un petit sofa où il engagea son interlocuteur à s’asseoir, vous savez l’objet qui m’amène dans cette maison : j’ai le plus vif désir de me lier à votre famille, et j’ai demandé la main de mademoiselle votre cousine. Si j’avais le bonheur de voir mes vœux à ce sujet s’accomplir, je ne crains pas de vous dire que vous trouveriez en moi un allié disposé à vous aimer et à vous être utile comme un véritable parent. J’ajouterai même que, sans savoir précisément quel sera le succès de ma demande ; que, sans avoir eu l’avantage de vous connaître personnellement jusqu’ici, je me suis empressé depuis quelque temps de m’occuper sérieusement de votre avenir.
Ernest témoigna encore par un signe de tête l’espèce de reconnaissance que cet intérêt anticipé lui inspirait.
— Je vous dispense, jusqu’à ce que nous nous connais-