cellule, dit Azzolini à de Retz. Ce garçon-là avec sa jeunesse et sa candeur, en fera plus que nous tous avec notre expérience. Marchons de ce côté où je le vois seul ; nous lui parlerons. » Ils le joignirent en effet. « Nous voilà donc retombés dans nos interminables scrutins inutiles, monsieur Charles ? dit de Retz au jeune Barberin : est-ce que vous n’êtes pas disposé comme nous à en finir ? » Après cet exorde, il lui parla avec les plus grands éloges de Chigi, l’engageant à se déclarer hautement en sa faveur, et si cela lui était possible, à faire quelques tentatives auprès de ses oncles pour les décider à reporter toutes les voix dont ils disposaient pour élever un homme que tout le sacré collège désirait au fond du cœur d’élire. Le cardinal de Retz avait été tellement séduit par les qualités et les vertus apparentes de Chigi, qu’en tenant ce langage il y mit un ton de sincérité qui fit impression sur le jeune Barberin. Lorsque Azzolini, qui n’avait pas autant de confiance dans le caractère de Chigi, quoiqu’il le portât avec beaucoup d’ardeur dans des vues d’ambition, se fut aperçu que Charles Barberin écoutait les avis de de Retz avec attention, il crut devoir y joindre les siens. « Monsieur Charles, lui dit-il, je ne saurais vous dire quelle joie j’éprouverais si vos vœux et les nôtres étaient exaucés. Quant à moi, et M. de Retz peut vous l’affirmer, je n’ai pas dit un mot ni fait un pas, depuis l’ouverture du conclave, qui n’eussent pour objet le choix de notre frère Chigi. Allez-vous le voir quelquefois ? — Non, répondit Charles : je craindrais de blesser sa délicatesse ; et ma conscience d’ailleurs..... — Vous avez tort, monsieur Charles, interrompit Azzolini ; vous avez tort. M. Chigi se fait des scrupules que des personnes telles que vous pourraient seules lever. Si vous lui dites qu’il est l’homme à élire, soyez certain qu’il vous croira, parce que, outre les lumières que vous possédez, vous avez encore l’immense avantage en cette circonstance d’être complètement désintéressé. — Non, je ne puis me décider à faire de pareilles démarches... j’aurais l’air de m’opposer ouvertement aux intentions de mes oncles... cela n’entre nullement dans mes idées ; il faut que les choses se fassent par la volonté divine. — Aide-toi,
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