struit de cette nouvelle, se proposait de prodiguer à dona Olimpia au moment de sa sortie de Rome, dom Camille, que le malheur de sa mère rendait plus tendre envers elle, prit soin de la faire sortir de son palais la veille du départ. Il monta avec elle dans une voiture de louage dont les portières étaient fermées, et parvint ainsi à la faire sortir de Rome sans qu’elle ni lui fussent reconnus. Le même soir ils s’arrêtèrent à Monte-Rosi, où ils étaient convenus de se reposer, pour que dona Olimpia y reçût les adieux de toute la famille. Les princes et princesses Justiniani, Ludovisi et de Rossano ne tardèrent pas à les rejoindre, et quoiqu’il y eût certainement quelque chose de sincère dans les consolations que les enfants donnèrent à leur mère, ainsi que dans les regrets qu’exprima dona Olimpia de les quitter, la plus grande partie de cette entrevue fut toutefois employée à chercher et à recommander les moyens d’empêcher le séquestre des biens, et de rendre l’instruction du procès aussi longue et aussi difficile que l’on pourrait.
Le cardinal Maldachini fut le seul de la famille qui ne vit pas sa tante en cette occasion. Le caractère de dona Olimpia lui faisait horreur.
Un assez bon nombre des amis de la princesse de Saint-Martin vinrent aussi à Monte-Rosi pour lui faire leurs adieux. Les Barberins ne se sentirent pas assez de courage pour risquer le ressentiment du pape en allant accomplir ce devoir, et de tout le sacré collège, parmi lequel il y avait un bon nombre de cardinaux qui s’étaient enorgueillis, sous le règne d’Innocent X, de l’accueil et des grâces que leur faisait dona Olimpia, il n’y eut que Gualtieri et Azzolini qui voulurent la voir à ce moment suprême.
En serrant leurs mains, la princesse de Saint-Martin éprouva un sentiment de joie intérieure qui lui avait toujours été inconnu. Ce ne fut qu’un éclair ; mais enfin son front, déjà chargé d’années, se dérida un moment ; son cœur s’épanouit, et elle apprit ce que vaut un témoignage d’amitié, donné non-seulement sans intérêt, mais en face d’un danger. Elle versa des larmes qui lui furent douces.
Il y eut entre les deux éminences et elle une longue con-