rieure semblait lui rendre difficiles à prononcer, elle continuait à regarder tantôt le crucifix et tantôt madame de Soulanges.
— Ma chère Louise, reprends un peu de calme ; dis-moi ce qui te préoccupe. Chère enfant, qu’as-tu ? que t’est-il arrivé ? dis-le-moi, je t’en prie !
— Ah ! maman, que vous êtes bonne ! répondit Louise avec cet accent que donne à la voix le sentiment d’un bonheur que l’on n’a pas encore pu exprimer ; soyez heureuse, ma bonne et aimable mère, soyez heureuse !... Tenez, ajouta-t-elle en indiquant avec véhémence le crucifix, je l’ai senti, je l’ai reconnu ; c’est Dieu, ma mère, qui est là !
En prononçant ces paroles, Louise était en proie à une exaltation qui ébranla tout son être ; aussi arriva-t-il qu’aux couleurs vives qui animaient ses joues succéda une pâleur subite suivie d’une défaillance.
L’émotion extrême que causèrent à madame de Soulanges et les derniers mots de sa fille et son évanouissement, ne l’empêcha pas de trouver assez de forces pour l’étendre sur son lit. Là, immobile, penchée près du visage de son enfant, elle la regarda avec anxiété pendant plusieurs secondes, jusqu’au moment où Louise rouvrit les yeux, reprit ses couleurs, et regarda sa mère avec une douceur angélique. Madame de Soulanges rendit le sourire à sa fille, et il s’établit entre elles, pendant l’espace de quelques secondes, une réciprocité de tendresse ineffable.
Ce fut Louise qui interrompit ce silence de bienheureux.
— Ah ! ma mère, dit-elle en lui caressant la main, que j’éprouve de joie à vous voir près de moi ! Depuis que je l’ai senti, poursuivit-elle en se tournant vers la croix, il me semble que je vous aime plus que je ne vous ai jamais aimée ; en le sentant, je vous sentais en lui, ainsi que mon digne père...
Toutes ces paroles n’étaient pas dites sans une vive et profonde émotion. Aussi Louise, que les agitations de la fin de la journée avaient déjà fatiguée, cédait-elle au besoin d’un sommeil que combattait encore sa volonté.
— C’est à présent, reprit-elle après un instant de silence,