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On partit. La mère et la fille occupaient le fond de la calèche ; sur le devant étaient Toinette et ses deux petites compagnes. Toutes, à l’exception de madame de Soulanges, étaient vêtues de blanc. M. de Soulanges, naturellement disposé à faire les choses avec éclat, avait pris soin de faire harnacher les chevaux d’une manière analogue à la cérémonie, et des rubans de couleur blanche, tressés avec les crins des animaux, se terminaient en larges bouffettes. Plusieurs domestiques à cheval escortaient la voiture qui s’avançait au petit pas jusqu’à l’église séparée d’un assez grand espace du château.

Le chemin était couvert de curieux qui, à mesure que le cortège passait, se mettaient en marche autour et derrière, de sorte que quand la voiture s’arrêta à la porte de l’église, elle fut environnée d’une foule qui suivit les jeunes communiantes jusque dans l’intérieur pour y trouver place.

Lorsque Louise, accompagnée par sa mère, traversa la nef pour parvenir jusqu’à la place réservée aux catéchumènes, il n’y eut pas un assistant qui ne fût frappé du changement qui s’était opéré dans toute sa personne. Bien que la solennité du jour dût rendre son maintien plus respectueux que de coutume, cependant, comme elle était bien connue, on s’aperçut facilement que la gravité de sa physionomie avait acquis quelque chose de permanent ; que sa beauté, plus calme et plus sérieuse, avait été modifiée par les progrès de son esprit.

De tous ceux qui firent ces observations, Edmond de Lébis fut la personne que ce changement frappa naturellement le plus. Il n’avait pas même aperçu Louise depuis un mois, aussi fut-il comme ébloui par la transformation que la conversion intérieure de cette jeune demoiselle avait produite.

Quoique l’occasion et le lieu de la cérémonie éloignassent toute idée terrestre de l’esprit de M. de Lébis, il ne put cependant comprimer entièrement le mouvement de joie et d’orgueil intérieur qu’il ressentit, en retrouvant celle qui était l’objet constant de ses pensées, si belle et si perfectionnée à son gré.