Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/534

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sourd de la voiture qui les avertit du retour de M. de Soulanges et de l’arrivée des médecins.

M. Delahire sortit aussitôt pour aller les recevoir, les prévenir de tout ce qui s’était passé. Bientôt les trois docteurs furent introduits dans la chambre par M. de Soulanges.

Dès qu’ils entrèrent, la comtesse quitta le siège qu’elle occupait auprès de sa fille ; et portant son mouchoir à ses yeux, elle se retira vers le curé, qui, plus par ses gestes encore que par ses paroles, l’exhorta à la résignation, au courage. Mais cette scène n’échappa point à l’attention des médecins, qui prièrent les deux parents de passer dans la chambre voisine pendant la consultation.

Le curé demeura témoin des tristes soins qui furent donnés à mademoiselle de Soulanges, et bientôt après ce fut lui qui fit rentrer le père et la mère. Alors l’un des docteurs de la ville prit la parole, assura que M. Delahire avait agi avec autant de prudence que d’habileté ; mais que le cas était des plus graves, et qu’il était absolument impossible d’en prévoir les suites.

À ces paroles, madame de Soulanges, tenant toujours les yeux baissés, alla sans dire un mot reprendre sa place près du lit de sa fille, tandis que le comte, fort étonné de ce que l’état de la malade n’était pas changé depuis le renfort de médecins qu’il avait amené, se mit à accabler de questions celui qui s’était chargé de faire connaître le vague résultat de la consultation.

Tandis que ce dialogue retenait les deux interlocuteurs dans l’embrasure d’une fenêtre, le plus jeune des trois médecins, plus porté à l’espérance, s’était rapproché de mademoiselle de Soulanges, et continuait à l’observer avec la plus grande attention. Il engagea même sa mère, aidée par la femme de chambre, à provoquer le réveil par de puissants excitatifs. Soit que la torpeur dût cesser naturellement, ou que ces remèdes en eussent abrégé la durée, il arriva que mademoiselle de Soulanges souleva ses paupières, respira avec moins de difficulté, et témoigna même par des sons confus le désir d’exprimer ce qu’elle éprouvait.

Ce réveil inattendu avait ramené près du lit de Louise le