il paraissait être impatient de se débarrasser de tout ce qui était amoncelé dans sa tête. Il posa bientôt le doigt sur la boîte au miroir et continua ainsi en prenant un ton solennel :
— De là, et il montrait la boîte, est sorti un rayon d’espérance, et la punition.
Il exécuta ensuite avec les mains plusieurs mouvements, comme s’il eût arraché vivement quelque chose d’une place pour en substituer une autre.
— Comprenez-vous ? me demanda-t-il.
— Pas précisément.
— Vous avez étudié la physique ?
— Oui, autrefois.
— Alors vous n’ignorez pas que, bien que l’on ait trouvé le mouvement perpétuel, on a toujours les frottements et la destruction des matières contre soi ? C’est aussi ce qui m’est arrivé ; malheur ! quand on ne peut plus mettre une roue neuve à la place de celle usée ! Souvenez-vous bien de cela… À neuf heures du soir… Mais nous… y reviendrons !
Michel tenait toujours la boîte au miroir, qu’il se mit à baiser en pleurant. Après m’avoir fait approcher encore de lui, il me dit avec une effusion de cœur qui me toucha :
— Puisque je vous ai fait connaître toutes mes fautes, tous mes chagrins, il est juste que je vous montre ce qui me reste d’un grand trésor. Ah ! s’écria-t-il avec tendresse, si vous aviez connu Thérèse ! C’était mon bon ange tant qu’elle a vécu ; mais elle est morte, et il ne m’en reste plus que cela.
Michel fit un mouvement de tête à droite et à gauche comme pour s’assurer qu’aucun indiscret ne pourrait nous surprendre, et me serrant dans ses bras :
— Je veux, me dit-il, que vous la connaissiez… vous êtes digne de la connaître.
Alors il tira soigneusement le couvercle de la boîte, et par l’effet d’une curiosité bien naturelle, je portai précipitamment les yeux sur le miroir. J’aurais dû m’y attendre ; c’était un morceau de métal assez brut, sur lequel je ne distinguai absolument rien. Mais dès que je vis, sur la figure de Michel, l’expression de tendresse et de béatitude ineffable qui y était répandue, mon premier mouvement fut de con-