va, et puisque tu m’aimes, n’épargne rien pour acheter de lui tous mes habillements, qui sont encore en sa possession. — Sois tranquille, dit Antonio ; il n’y a pas de sacrifice que je ne fasse pour accomplir ta volonté. » En effet, il courut aussitôt chez Francesco, et fit tant qu’il lui acheta tous les habits de Ginevra, qu’il s’empressa de rapporter à sa nouvelle épouse.
Cependant quelques jours s’étaient écoulés, et la belle Ginevra avait recouvré la santé, et avec la santé tout l’éclat de ses charmes. Elle choisit un dimanche pour aller, avec l’assistance de la mère d’Antonio et d’une servante, à l’église de la Sainte-Annonciation. C’est là qu’elle devait rejoindre et trouver son futur époux. À peine eut-elle fait une centaine de pas dans la rue, que toutes les personnes nobles de Florence crurent la reconnaître : chacun multipliait ses remarques pour s’assurer de la vérité, et, comme si sa figure eût présenté une ressemblance trompeuse, on s’attachait particulièrement à la forme et à la couleur de ses habillements de noce. Ce sont bien les mêmes qu’elle portait, répétait-on de tous côtés, lorsque Francesco des Agolanti la conduisit à la messe nuptiale à Saint-Michel ; et l’on passait et l’on repassait autour d’elle pour s’assurer que ce que l’on voyait n’était pas une illusion.
Le hasard fit que sa mère se trouva sur son chemin. Interdite d’abord, cette dame demeura muette. Puis tout à coup : « Hélas ! dit-elle, ne dirait-on pas que c’est ma fille ? » Elle avance, et plus elle approche, plus elle croit reconnaître son enfant. Enfin, ne pouvant plus douter de la vérité, mais trop émue pour pouvoir parler, elle se dit intérieurement : « C’est bien elle ! » L’étonnement et l’espérance enchaînèrent sa langue pendant quelques instants ; mais enfin, curieuse de s’assurer de la vérité par une preuve irrécusable, toute tremblante, elle adresse ces mots à Ginevra : « Ma chère fille, c’est toi ! tu es donc vivante ! Dis-moi comment tu es ressuscitée ? » Mais la fille, sans exprimer ni tendresse ni colère, passa et ne répondit rien.
Ce qu’il y avait d’extraordinaire dans cette rencontre avait si vivement excité la curiosité de tous ceux qui étaient pré-