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de veiller pendant toute la nuit auprès de sa bien-aimée. Ces ordres furent en effet ponctuellement exécutés, et Ginevra goûta un sommeil qui lui rendit ses forces et la santé.

À peine faisait-il jour, qu’Antonio alla visiter Ginevra ; il lui dit en entrant : « Que Dieu te donne le bonjour ! Comment te portes-tu ? » Elle répondit : « Grâce au ciel et à toi, on ne peut mieux ; tous mes maux sont passés. »

En effet, au bout de quatre jours, la santé de Ginevra était entièrement rétablie ; sa fraîcheur et l’éclat de sa beauté brillaient comme avant. Ce fut aussi le moment où Antonio s’aperçut qu’il serait nécessaire de remplacer par des vêtements nouveaux ceux qu’elle avait apportés le jour où elle vint frapper à sa porte. Mais il ne voulut rien entreprendre de semblable à son égard, sans lui avoir parlé sérieusement. — Ma chère Ginevra, dis-moi quelles sont tes intentions ; veux-tu te séparer de moi ? Veux-tu retourner vers ton mari ? — Antonio, il n’est nullement question de cela, et cette pensée est bien effacée de mon esprit ; car, si tu le veux, j’ai résolu d’être ton épouse. — Plût à Dieu que je pusse te prendre pour femme ! car je m’estimerais le plus heureux des hommes. — Ne te mets pas en peine, Antonio, je me charge de t’indiquer ce qu’il reste à faire pour affermir cette union. Écoute-moi : personne ne peut nier que Francesco, mon premier mari, ne m’ait fait enterrer pour morte ; or, avec la mort tout finit. La mort dénoue, brise tous les liens, même ceux de la parenté. Ainsi donc, Antonio, si je te suis chère, nous vivrons ensemble jusqu’à la mort. Va sans tarder chez le notaire, et puisque l’amour nous a conduits à ce rapprochement, nous en défendrons la validité, même devant l’évêque s’il le faut.

Ces fiançailles étant faites, Antonio donna un anneau à Ginevra, en lui disant : « Maintenant ne serait-il pas convenable que je t’offrisse des vêtements nouveaux pour remplacer ceux dont tu étais couverte en arrivant ici ? — Tu as raison, dit la nouvelle fiancée, tu as raison. Mais si tu veux, en prenant ce soin, agir d’une manière qui me soit agréable, fais ce que je vais te dire : va chez Francesco, qui m’a fait mettre au tombeau, qui n’a pas voulu me rouvrir sa maison ;