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— Parlez, monsieur, de quoi s’agit-il ?

— De mademoiselle de Liron.

— Eh bien ! est-ce que sa santé vous inquiète plus qu’à l’ordinaire ?

— Eh ! monsieur, dit en hésitant M. Tilorier, sans doute elle m’inquiète, et beaucoup même.

— Comment ! serait-il possible ?

— Ce n’est que trop vrai ; mademoiselle de Liron est malade, et dans son intérêt, dans celui de sa famille, dans le mien propre, s’il est permis de penser à soi en pareille occasion, je viens pour vous engager à…

— À quoi donc, monsieur ? dites, s’écria tout à coup Ernest.

— À faire une consultation.

— Une consultation ! grand Dieu ! en serions-nous là ? Comment n’avez-vous pas parlé plus tôt ? Savez-vous, monsieur, que je vous regarderais comme bien coupable si vous aviez négligé de faire connaître le véritable état de la santé de ma cousine !

Ernest prononça ces paroles avec une vivacité accompagnée d’un regard à demi méprisant qui choqua singulièrement M. Tilorier.

— Monsieur, répondit le docteur avec calme, je vous jure sur mon honneur qu’il n’y a jamais eu aucune négligence de ma part dans les soins que je donne à mes malades ; mademoiselle de Liron n’est pas exceptée. Mais, et vous en avez été témoin vous-même, ce n’est qu’avec la plus grande peine que j’ai pu obtenir d’elle qu’elle suivît les conseils que je lui ai prescrits. Pendant longtemps je n’indiquais que des préservatifs, mais depuis plusieurs jours je me suis aperçu que son mal prenait plus d’empire…

— Et depuis quand ? c’est ce qu’il fallait dire.

— Précisément depuis votre arrivée, monsieur. Le premier jour, j’ai attribué le désordre de la santé de mademoiselle de Liron à la joie….. à l’émotion que votre retour lui causait. Mais depuis, ce désordre a continué, a augmenté même au point que, pour tranquilliser ma conscience et m’assurer que je n’ai point été trompé par la faiblesse de