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Page:Delabrousse - Jules Grévy, 1882.djvu/11

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Ce qu’a été l’éloquence judiciaire et ce qu’elle doit être, voilà une des questions que M. Jules Grévy a traitées pendant son bâtonnat, aux conférences des avocats stagiaires. Dans la querelle des anciens et des modernes, il a opiné contre les anciens pour les modernes. Il a déconseillé à ses jeunes confrères d’imiter les Grecs et les Romains et les avocats du temps passé. Après avoir montré ce qu’était anciennement l’éloquence judiciaire : « Avec moins de pompe et d’artifice, a-t-il ajouté, la défense judiciaire est aujourd’hui plus naturelle et plus vraie, plus substantielle et plus exacte ; elle est plus dans les choses que dans les mots, dans la discussion que dans la déclamation ; elle est le fruit plus sain de l’esprit plus mûr des peuples modernes.

« Sa forme est l’improvisation. L’orateur qui n’a travaillé que sur les idées se confie pour l’expression à la fortune du moment ; selon un mot heureux, il sait ce qu’il va dire, il ne sait pas comment il le dira. Libre de toute entrave, dégagé de toute forme convenue, il s’abandonne à son inspiration, il est lui-même. Il prend le ton naturel de la conversation qui se prête à tout sans effort, s’élève et s’abaisse,