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Page:Delabrousse - Jules Grévy, 1882.djvu/19

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dès la première séance, le mandat de représentant du peuple que lui avaient conféré quatre départements, la droite avait jugé utile d’examiner cette quadruple élection, pour contester au général étranger le droit de siéger dans une assemblée française. Indigné, M. Victor Hugo était monté à la tribune et il avait rappelé éloquemment que de tous les généraux qui venaient de combattre pour la France, Garibaldi, seul, n’avait point été vaincu. Les murmures de la droite couvrirent la voix de l’orateur et l’on entendit M. de Lorgeril, un rimailleur breton, s’écrier : « L’Assemblée refuse la parole à M. Victor Hugo parce qu’il ne parle pas français. » Le tumulte était à son comble. Le président, M. Grévy, fit de vains efforts pour ramener le calme. Non seulement la droite ne voulait pas écouter le grand poète, mais elle demandait avec emportement qu’il fût rappelé à l’ordre. « Vous refusez de m’entendre, dit alors M. Victor Hugo, cela me suffit. Je donne ma démission. » Puis, descendant de la tribune au milieu des clameurs, il prend une plume, et, debout, il écrit sur le rebord extérieur du bureau sa lettre de démission qu’il remet au président. M. Jules Grévy adjure l’illustre repré-