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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.
pensons plus. » Je ne dis pas non plus que je l’aurais écrite à mon vieux camarade resté en arrière, si c’était moi qui eus été ministre ou le parvenu. Le cœur humain est une vilaine porcherie ; ce n’est pas ma faute, mais qui ose répondre de soi ? Écris-moi, fais reprendre à mon cœur la route de certaines émotions de la jeunesse, qui ne revient plus ; quand ce ne serait qu’une illusion, ce serait encore un plaisir. Adieu, etc. »


— J’ai relu aussi des lettres d’Élisabeth Salter… Étrange effet, après tant de temps !

— Retrouvé dans une lettre de Philarète ce sujet de la mort de R…, âgé de quatre-vingt-cinq ans. Après avoir défendu avec beaucoup de véhémence, dans le barreau de Thèbes, la cause d’un ami accusé d’un crime capital, il expira la tête appuyée sur les genoux de sa fille.

Mercredi 3 mars. — Ce matin, au Luxembourg. Je me suis étonné de l’incorrection de Girodet, particulièrement dans son jeune homme du Déluge. Cet homme, au pied de la lettre, ne sait pas le dessin.

— Été chez Émilie Robert ; mal disposé. Malade de l’estomac.

— Composé, ne sachant que faire, les Condamnés à Venise. — Émilie est venue un instant.

— Remets-toi vigoureusement à ton tableau. Pense au Dante, relis-le continuellement ; secoue-toi pour revenir aux grandes idées. Quel fruit tirerai-je de