Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

parti pour le Palais-Bourbon. Il a fait un temps affreux : neige, gelée, gâchis. Il faut aller en voiture à mon travail, et on y reste si longtemps, qu’il y a des maladies à prendre. J’ai travaillé aux hommes du milieu.

Revenu de bonne heure et resté également très longtemps en voiture. Demeuré chez moi le soir, fatigué et souffrant.

— Ton local de la nymphe debout dans l’Orphée[1] : vert émeraude, vermillon et blanc ; plus de blancs dans les clairs.

Deuxième Nymphe : ton orangé et vert émeraude.

11 février. — Je devais retourner à la Chambre. J’écrirai à Henry[2], pour suspendre jusqu’à la semaine prochaine. Le froid est trop incommode. J’ai besoin de repos.

12 février. — Mis au net la composition de Foscari[3].

  1. Grand hémicycle d’Orphée.
  2. Sans doute Planet.
  3. Cette toile admirable appartient à M. le duc d’Aumale. Th. Gautier en donnait la description suivante : « Le doge Foscari est obligé d’assister à la lecture de la sentence de son fils, Jacques Foscari, torturé et banni pour de prétendues intelligences avec les ennemis de la République… Le doge, coiffé de son bonnet à cornes, vêtu de sa robe de brocart d’or, est assis sur son trône au premier plan, accablé de douleur sous sa contenance stoïque. Jacques Foscari, dont le bourreau vient de torturer les membres, lui jette un suprême adieu et tend ses mains brisées aux baisers de sa femme. La scène est disposée de la façon la plus dramatique dans une de ces belles architectures que Delacroix sait si bien construire et auxquelles il donne la profondeur d’un décor. »