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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

— Je suis resté jusqu’à midi sur mon canapé, dormant et lisant l’évasion de mon cher Casanova.

— Je me disais, en regardant ma composition du plafond qui ne me plaît que depuis hier, grâce aux changements que j’ai faits dans le ciel avec du pastel, qu’un bon tableau était exactement comme un bon plat, composé des mêmes éléments qu’un mauvais : l’artiste fait tout. Que de compositions magnifiques ne seraient rien sans le grain de sel du grand cuisinier ! Cette puissance du je ne sais quoi est étonnante dans Rubens ; ce que son tempérament, — vis poetica, — ajoute à une composition, sans qu’il semble qu’il la change, est prodigieux. Ce n’est autre chose que le tour dans le style ; la façon est tout, le fond est peu en comparaison.

Le nouveau est très ancien, on peut même dire que c’est toujours ce qu’il y a de plus ancien.

— Pour imprimer le mur de l’église, huile de lin et non autre, bouillante, blanc de céruse et non pas blanc de zinc, qui ne tient pas. L’ocre jaune serait la meilleure impression.

Lundi 10 juin. — La partie du ciel[1]

  1. Il est question ici du plafond de la galerie d’Apollon du Louvre. Apollon vainqueur du serpent Python : tel est le titre définitif de la composition. Toile 8m × 7m,50. M. Robaut, dans son Catalogue, écrit que le prix fut d’abord fixé à 18,000 francs, et que l’architecte Duban fit de son propre mouvement élever la somme à 24,000 francs. Voici en quels termes Delacroix décrit le sujet de sa décoration :
    « Le dieu, monté sur son char, a déjà lancé une partie de ses traits ; Diane, sa sœur, volant à sa suite, lui présente son carquois. Déjà percé