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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/426

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

qu’il souffre de l’ennui ou de maux véritables ; l’un comme l’autre n’a pas moins une horreur égale de la mort, c’est-à-dire de la fin de cet ennui ou de cette souffrance.

Heureux qui se contente de la surface des choses ! J’admire et j’envie les hommes comme Berryer, qui a l’air de ne rien approfondir. Vous me le donnez, je le prends : ne pesons sur rien. Que de fois j’ai désiré lire dans les cœurs, uniquement pour savoir ce que contenaient de bonheur ces visages satisfaits… comme tous ces fils d’Adam, héritiers des mêmes ennuis que je supporte !

Comment ces Halévy, ces Gautier, ces gens couverts de dettes et d’exigences de famille ou de vanité, ont-ils un air souriant et calme, à travers tous les ennuis ? Ils ne peuvent être heureux qu’en s’étourdissant et en se cachant les écueils au milieu desquels ils conduisent leur barque, souvent en désespérés, et où ils font naufrage quelquefois.

12 août. — L’habitude émousse tous les sentiments : les picotements journaliers de la famille, etc. Mme Sand devrait être heureuse, et je crois qu’elle ne l’est pas.

— Dans le Moniteur d’aujourd’hui, article de Gautier sur les peintures de Cornélius[1]. Descriptions

  1. Cet article de Th. Gautier est probablement celui qui se trouve dans le volume de l’Art moderne et qui contient cette appréciation sur Cornélius : « Pierre de Cornélius peut être considéré comme le chef de