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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

de sujets mythologiques, dans lesquels il y a à prendre.

— J’ai été l’après-midi porter mon tableau des Baigneuses chez Berger. J’ai vu là un tableau de de Kayser, qui est très estimé des amateurs. Le mien, que je méprise assez, — l’ayant fait dans des conditions qui ne me plaisent pas, — m’a paru un chef-d’œuvre.

J’ai été à l’Hôtel de ville, pour l’affaire de Vimont. M. Perrier m’a demandé, avec toute la discrétion qu’on peut mettre à commettre une indiscrétion, de lui donner un dessin, une bagatelle, a-t-il dit, pour avoir un souvenir de vous, de ces choses que vous faites en vous jouant et en pensant à autre chose.

Je me porte mieux, je suis plus allègre tous ces jours derniers, un peu borborygme et travaillé par l’influence. Ce soir, joui, en me promenant, de ce sentiment du retour de la force. Je suis heureux de quitter Paris ; j’ai hâte de le faire pour tirer le plus tôt possible de cet air empesté ma pauvre Jenny.

13 août. — Mannequin chez Lefranc à 350 fr.

    l’école allemande, ou, pour parler d’une manière plus exacte, du cycle des peintres attirés et fixés à Munich par la munificence éclairée du roi Louis. Quelques-uns ne sont pas ses élèves, mais tous ont plus ou moins subi son influence et marché dans la voie qu’il avait ouverte. Il a exercé sur cette génération d’artistes une autorité pareille à celle de M. Ingres sur ses nombreux disciples : c’est un génie absolu, dominateur, et par cela même très propre à faire une révolution en peinture ; il a, sur les différentes directions de l’art, des systèmes arrêtés, des principes inflexibles contre lesquels il n’admet pas de discussion, et, s’il se trompe, c’est savamment, et d’après une esthétique particulière. »