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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Savoir s’il en loue et à meilleur compte. Je dirai à Andrieu de s’en informer.

14 août. — Aller, à mon retour, demander à Ferdinand Denis, rue de l’Ouest, 56, l’ouvrage de Bazin, sur Molière.

L’Académie des sciences morales et politiques avait mis au concours, en 1847, la question suivante : Rechercher quelle influence le progrès et le goût du bien-être matériel exercent sur la moralité du peuple. Je trouve ceci dans mon petit agenda de 1847. Je serais curieux de savoir les conclusions qui ont été couronnées par la docte Académie, composée presque exclusivement de ces moralistes que nous connaissons, qui ont fait la révolution de 1830 et celle de 1848 ; ce prix, proposé avant cette dernière, avait sans doute en vue de glorifier ce progrès et ce goût du bien-être qui n’est que trop naturel, à mon avis, et n’a nul besoin d’être encouragé dans les cœurs, d’où il serait plutôt difficile de le déloger. Le beau chef-d’œuvre de découvrir que l’homme, à tous les degrés de l’échelle, désire être mieux qu’il n’est ! Passe encore si on découvrait en même temps un moyen de le rendre satisfait quand il est monté d’un degré ou de plusieurs degrés vers les objets de son ambition.

Cette ambition, malheureusement, est insatiable, et il arrive que celui qui, au milieu d’une vie pauvre, entretenait le ressort de son âme en résistant aux