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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

— C’est le matin que j’ai retrouvé Chenavard, qui m’a conseillé d’aller voir Guérin[1], pour lui parler de la maladie de Jenny.

Mardi 29 août. — Le matin, resté quelque temps au grand soleil sur la plage, à voir les baigneurs. Je suis rentré pour travailler. J’ai fait un dessin d’après Thevelin et deux ou trois croquis, moitié de souvenir, de ce que j’avais vu le matin.

A deux heures chez Guérin avec Jenny. J’en suis fort content, et je crois qu’il a l’espoir de faire beaucoup pour elle.

En sortant, vu avec elle le château, qui m’a fort intéressé. La vue de la mer unie comme une glace et dans son immensité, qui réduisait à rien la plage et la ville de Dieppe, m’a causé le plus grand plaisir.

Je voulais le soir rencontrer Chenavard pour le remercier ; j’ai rôdé sur la plage inutilement par un temps de brouillard assez malsain et dans un demi-ennui plus malsain encore pour moi.

30 août. — Matinée délicieuse. Je suis sorti seul, pendant que la pauvre Jenny prenait médecine par ordonnance de Guérin, et je suis monté derrière le château. Chemin tortueux, petit quinconce de hêtres,

  1. Jules Guérin (1801-1886), chirurgien distingué, auteur de nombreux mémoires qui lui valurent, en 1857, le grand prix de chirurgie à l’Académie des sciences. Il fut aussi un des fondateurs de la presse médicale de Paris et collabora à l’ancien National. Il était membre de l’Académie de médecine.