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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/119

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

pour le retirement, si l’on peut parler ainsi ; la pluie et un jour gris ajoutent à mon plaisir ; je me justifie ainsi à moi-même mon aversion pour le mouvement. J’ai, vers quatre heures, le spectacle d’un bel arc-en-ciel, avec cette particularité qui m'étonne et que je n’ai pas vu qu’on ait mentionnée : l’arc-en-ciel, parfaitement tracé dans le ciel, continuant encore à se peindre en avant des maisons qui forment l’enceinte du port et des arbres qui bornent la vue sur la petite montagne qui est à droite, au-dessus des marais salés où se décharge l’Arques en partie ; ainsi, le phénomène ne se produit pas à une grande distance, nous le touchons, pour ainsi dire, du doigt ; ces maisons étaient à cent pas de moi ; il y a donc une position de vapeur qui n’est pas sensible à la vue, assez intense cependant pour se colorer des couleurs du prisme ; on peut calculer presque le lieu précis où il se dessine ; il y avait au-dessus un deuxième arc plus faible, comme toujours ; je n’ai pu le suivre comme l’autre, ailleurs que sur le ciel.

Je suis ravi de la cheminée à l’anglaise ou à la flamande qui est dans ma chambre ; Jenny me donne l’idée d’en avoir une pareille à Paris, dans le cas où on aurait une maison à soi ; une fois allumée, elle va toute seule ; ce serait excellent dans mon atelier, dans celui de Gros, par exemple, avec un poêle de l’autre côté. Il y a économie assurément, profit pour la chaleur, et moins d’incommodités, en ce qu’on a moins à s’en occuper.