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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/139

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Cette obstination à poursuivre un talent qui paraît lui être refusé, à en juger par tant de tentatives infructueuses, la classe, bon gré, mal gré, dans un rang inférieur. Il est bien rare que les grands talents ne soient pas portés d’une manière presque invincible vers les objets qui sont de leur domaine : c’est surtout à ce degré que conduit plus particulièrement l’expérience. Les jeunes gens peuvent se tromper pendant quelque temps sur leur vocation, mais non les talents mûris et exercés dans un genre.

13 janvier. — Dîner chez Baroche[1]. — Mme de Vaufreland. — J’ai rempli mon programme.

À dîner, Mérimée me parlait de Dumas avec la plus grande estime : il le préfère à Walter Scott. Peut-être en vieillissant se fait-il meilleur ?… Peut-être loue-t-il beaucoup de peur d avoir des ennemis de sa faveur ?…

Je me suis éclipsé le plus tôt que j’ai pu. J’ai été chez Mme de Vaufreland ; excellentes gens.

À travers les Champs-Élysées, noyé dans des tourbillons élevés par le vent le plus furieux et le plus glacial.

Berryer partait comme j’arrivais.

14 janvier. — Dîner du deuxième lundi. Trousseau nous dit très bien que les médecins sont des artistes.

  1. Baroche était alors président du Conseil d’État.