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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/140

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Il y a chez eux, comme chez les peintres et les poètes, une partie scientifique, mais elle ne fait que les médecins et les artistes médiocres. C’est l’inspiration, c’est le génie propre du métier qui fait le grand homme.

J’ai été ensuite, après une assez longue promenade avec Dauzats, chez Delangle un instant, puis chez Halévy. Toujours grande foule, beaucoup de jeu, véritable maison de Socrate, trop petite pour contenir tant d’amis.

Dans la journée, Th. Frère[1] qui me dit avoir remarqué avec d’autres mes progrès constants dans les ouvrages de mon exposition, si bien que le dernier lui paraît le plus ferme, le plus simple, avec les qualités de couleur, comme avec l’absence de noir, etc.

15 janvier. — Concert Viardot. Magnifique concert : l’air d’Armide. Ernst[2], le violon, m’a fait plaisir ; Telefsen me dit chez la princesse qu’il a été très faible. J’avoue mon impuissance à faire une grande différence entre les diverses exécutions, quand elles sont arrivées à un certain degré. Comme je lui parlais de mon souvenir de Paganini, il me dit que c’était sans doute un homme incomparable. Les difficultés et les prétendus tours de force que présentent ses œuvres sont encore pour la plupart indéchiffrables

  1. Théodore Frère, peintre de genre, né à Paris en 1815. Élève de Roqueplan, il fit un voyage en Algérie qui influa sur sa carrière d’artiste.
  2. Henri-William Ernst (1814-1865), violoniste des plus distingués, qui remporta dans les différentes capitales de l’Europe des triomphes éclatants.