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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/170

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

disciplinée ? Quand est-ce que l’honneur, la réputation de l’homme intègre ou de l’homme éminent, et par conséquent envié, ne sera plus en butte aux calomnies empoisonnées du premier inconnu ?

(Coudre tout cela aux réflexions du mois de mai 1853[1], à propos de celles de Girardin sur la France labourée à la mécanique.)

8 juin. — Dîner chez la princesse, qui part après-demain et qui m’a fait demander mon jour pour Grzymala.

9 juin. — Dîner du lundi. Chez Autran, le soir.

10 juin. — MM. Pelouze et Marguerite doivent venir.

Dîné chez Marguerite. Revu le petit Christ, qui m’a fait plaisir. Ce qui m’a frappé davantage, c’est la Vierge évanouie, du fond. Il y a décidément, parmi les grands, des génies fougueux, indisciplinés, quand ils croient être corrects, n’obéissant qu'à l’instinct qui sans doute se trompe quelquefois : ainsi Michel-Ange, Shakespeare, Puget, voilà des gens qui ne conduisent pas leur génie, mais qui en sont conduits ; Corneille est un des plus saillants : il tombe dans des abominations, en descendant du ciel. Mais ces hommes-là ? en revanche, sont les initiateurs

  1. Voir t. II, p. 198.