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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/181

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

15 août. — J’attendais Louis Fould, qui n’est pas venu. J’ai travaillé au Bord de mer de Tanger, ne pouvant aller à l'église. Je me suis dispensé du Te Deum et du banquet municipal d’hier jeudi.

Dîné avec Schwiter, rue Montorgueil ; le pauvre garçon est tout plein de ses illustres connaissances : il pourra éprouver des déceptions de ce côté. Je l’aime beaucoup.

18 août. — J’ai promis à Robert, de Sèvres, un tableau pour un de ses amis, pour le mois de janvier environ.

25 août. — J’ai reçu la lettre où on me demande lettres et souvenirs… J’ai éprouvé de la tristesse de cet adieu anticipé.

26 août. — Repris aujourd’hui le tableau de Jacob, à Saint-Sulpice[1]. J’ai beaucoup fait dans la jour-

  1. Les compositions de Saint-Sulpice étaient en train depuis six années ; car le 22 janvier 1850, Delacroix écrivait déjà à son praticien M. Lassalle-Bordes : « J’ai remis de jour en jour à répondre à votre bonne lettre, dont je vous remercie bien, parce que j'étais précisément en travail de me décider sur le sujet de mes peintures à Saint-Sulpice : oui, mon cher ami, j’en suis encore là ; cependant je suis à peu près fixé, comme vous allez voir. Voici d’abord ce qui m’est arrivé. La chapelle était celle des fonts baptismaux, les sujets allaient d’eux-mêmes : baptême, péché originel, expiation. Je fais agréer mes sujets par le curé, et je compose mes tableaux. Au bout de trois mois, je reçois une lettre à la campagne, qui m’apprend que la chapelle des fonts baptismaux se trouve sous le porche de l'église, au lieu d'être dans celle que je devais peindre… La juste colère que j’en ai ressentie m’a cassé bras et jambes : j’avais beau faire, je ne pouvais m’occuper