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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/198

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

mentionné ailleurs, de Noé sacrifiant, avec sa famille, après le déluge ;… les animaux se répandent sur la terre ;… les oiseaux dans les airs, les monstres condamnés par la sagesse divine gisant à moitié enfouis dans la vase. Les branches des arbres distillent encore les eaux et se redressent vers le ciel.

Ce jour, posé une heure et demie chez Mme Herbelin[1] : Mme Villot y était. Je vais, en sortant de là, voir M. Mesnard, au Luxembourg. M. Mesnard me dit qu’il croit crue le travail que l'œil et le cerveau font sur la couleur, contribue beaucoup à la fatigue que cause la peinture : le fait est qu’il me faut une disposition de santé complètement bonne pour travailler à la peinture. Pour écrire, ce n’est pas aussi nécessaire : les idées peuvent me venir, quand je suis souffrant et que je tiens la plume. A mon chevalet et le pinceau à la main, ce n’est pas de même.

8 décembre. — Dîné à l’Hôtel de ville pour la clôture du conseil général. Revenu, bien malgré moi, avec B…, qui ne veut pas me lâcher, etc.

9 décembre. — Mauvaise disposition et pourtant quelque bon travail sur le Saint Jean-Baptiste[2] que je destine à Robert, de Sèvres.

  1. Mme Herbelin fit en effet le portrait de Delacroix. C'était une miniature sur ivoire qui figura au Salon de 1857. (V. Cat. Bobaut, p. liv, no88.)
  2. Voir Catalogue Robaut, nos 858 et 904. L’œuvre est ainsi décrite : La scène s’encadre dans l’architecture sévère d’une prison, percée au fond d’un soupirail cintré, garni de barreaux, où apparaissent des têtes de curieux. »