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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/238

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

dans la poésie, la forme se confond avec la conception. Parmi les lecteurs, les uns lisent pour s’instruire, les autres pour se divertir.

Quoique l’auteur soit du métier et en connaisse ce qu’une longue pratique, aidée de beaucoup de réflexions particulières, puisse en apprendre, il ne s’appesantira pas autant qu’on pourrait le penser sur cette partie de l’art qui paraît l’art tout entier à beaucoup d’artistes médiocres, mais sans laquelle l’art ne serait pas. Il paraîtra aussi empiéter sur le domaine des critiques en matière d’esthétique qui croient sans doute que la pratique n’est pas nécessaire pour s'élever aux considérations spéculatives sur les arts.

Voir mes notes du 7 mai 1849[1] : « Montaigne écrit à bâtons rompus. Ce sont les ouvrages les plus intéressants. Après le travail de l’auteur il y a celui du lecteur qui, ayant ouvert un livre pour se délasser, se trouve engagé presque d’honneur à poursuivre, etc. »

Des hommes de génie faisant un dictionnaire ne s’entendraient pas ; en revanche, si vous aviez de chacun deux un recueil de leurs observations particulières, quel dictionnaire ne compterait-on pas avec de semblables matériaux ?… Cette forme doit amener des répétitions ? etc. Tant mieux ! les mêmes choses redites d’une autre manière ont souvent… etc.

  1. Voir t. I, p. 439.