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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/241

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Traduction), c’est-à-dire l’art de transporter une idée d’un art dans un autre comme le traducteur le fait à l'égard d’un livre écrit dans une langue et qu’il transporte dans la sienne. La langue du graveur, et c’est ici que se montre son génie, ne consiste pas seulement à imiter par le moyen de son art les effets de la peinture, qui est comme une autre langue. Il a, si l’on peut parler ainsi, sa langue à lui qui marque d’un cachet particulier ses ouvrages, et qui, dans une traduction fidèle de l’ouvrage qu’il imite, laisse éclater son sentiment particulier.

Coloration dans la gravure. Dans quelle mesure.

Fresque. On aurait tort de supposer que ce genre soit plus difficile que la peinture à l’huile, parce qu’il demande à être fait au premier coup.

Le peintre à fresque exige moins de lui-même matériellement parlant : il sait aussi que le spectateur ne lui demande aucune des finesses qui ne s’obtiennent dans l’autre genre que par des travaux compliqués. Il prend des mesures de manière à abréger par des travaux préparatoires le travail définitif. Comment serait-il possible qu’il mît la moindre unité dans un ouvrage qu’il fait comme une mosaïque et pis encore, puisque chaque morceau, au moment où il le peint, est différent de ton, c’est-à-dire par parties juxtaposées sans qu’il soit possible d’accorder celle qui est peinte aujourd’hui avec celle qui a été peinte hier, s’il ne s'était rendu auparavant un compte exact de l’ensemble de son tableau ? C’est l’office du carton