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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

du pied qui est très précis et plus ressemblant au naturel, sauf l’idéal propre au peintre, il y a une main dont les plans sont mous et faits presque d’idée, dans le genre des figures qu’il faisait à l’atelier, et cette main ne dépare pas le reste ; la finesse du style la met à la hauteur des autres parties. Ce genre de mérite a le plus grand rapport avec celui de Michel-Ange, chez lequel les incorrections ne nuisent à rien.

Je relis avec le plus grand plaisir, dans un agenda du mois de janvier 1852[1], ce que je dis des tapisseries de Rubens que je vis alors à Mousseaux et que la liste civile de Louis-Philippe faisait vendre. Quand je voudrai parler de Rubens ou me mettre dans un entrain véritable de la peinture, je devrai relire ces notes. J’ai encore le souvenir très présent de ces admirables ouvrages. L’idée m’était venue, en relisant ce que j’en dis, de refaire de mémoire tous les sujets (une suite de la sorte sur un autre motif serait un beau thème). Il faut absolument que Devéria me trouve les gravures de ces sujets.

Je note ici ce qu’il faut reporter à l’un des jours du mois dernier, quand j’étais encore très faible et que je ne m’occupais guère à écrire dans ce livre : c’est la triste impression que j’ai reçue de la peinture que m’a faite du caractère de Thiers M. C. B…, qui vint me faire une petite visite. Il me l’a représenté comme le plus égoïste et le plus insensible des hommes,

  1. Voir t. II, p. 69 et suiv.