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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/284

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

11 mai. — Promenade le matin dans la campagne assez longtemps, sans pouvoir m’arracher à cette charmante vue de cette verdure, de ce soleil.

Travaillé beaucoup, en rentrant, à l’article sur le Beau et jusqu’au dîner.

— Ce n’est ni le hasard ni le caprice qui ont déterminé le style de l’architecture et partant celui des autres arts dans les différentes contrées ; nouvelle preuve que le Beau doit varier suivant les climats.

Au style sévère et pour ainsi dire radical de l’architecture de l’Égypte s’allient des ornements et une peinture plus simples, plus élémentaires… Dans cette vaste vallée de l’Égypte, comprise uniformément entre deux chaînes d'élévation naturelles presque symétriques, etc., les Pylônes, les Pyramides…

Le soir, promené dans le jardin et dans la campagne.

Fatigue et malaise avant de se coucher.

14 mai. — Je ne doute pas que si Alexandre eût connu le Misanthrope, il ne l’eût placé dans la fameuse cassette à côté de l’Iliade ; il l’eût fait agrandir pour y placer le Misanthrope.

— On dit d’un homme, pour le louer, qu’il est un homme unique.

— Il faut laisser aux gens qui sentent faiblement les vaines discussions et les vaines comparaisons.

— Heureuses les époques qui ont vu.

— Heureux les artistes qui ont trouvé un public tout préparé, encourageant les efforts de la Muse.