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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/351

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

main doit attirer l’attention, moins qu’une partie du vêtement, du fond, etc. Ce qui fait que les mauvais peintres ne peuvent arriver au beau qui est ce vrai idéalisé dont parle Mercey, c’est qu’outre le défaut de conception générale de leur ouvrage dans le sens du vrai, leurs accessoires, au lieu de concourir à l’effet général, le détournent au contraire par l’application donnée presque toujours à faire ressortir certains détails qui devraient être subordonnés. Il y a plusieurs manières de produire ce mauvais résultat : d’une part, le soin excessif apporté à faire ressortir ces détails, pour montrer de l’habileté ; de l’autre, l’habitude générale de faire exactement d’après nature tous ces accessoires destinés à concourir à l’effet. Comment le peintre, en copiant tous ces morceaux d’après des objets réels, comme ils sont et sans les modifier profondément, pourra-t-il ôter ou ajouter, donner à des objets inertes en eux-mêmes la puissance nécessaire à l’impression ?

Nancy, 10 juillet. — Parti pour Plombières à sept heures du matin. Arrivé à Nancy à deux heures. Mauvaise disposition qui m’empêche de dîner ; je me couche à huit heures environ.

J’avais été au Musée en arrivant, pour revoir les deux esquisses de Rubens ; à la première vue, elles ne m’ont plus paru si belles ; mais bientôt le charme a opéré, et je suis devenu immobile devant elles, et cela quoique j’allasse de l’une à l’autre, mais sans pouvoir