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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/90

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

le médecin Masseur, et ensuite la servante de François avec sa charmante sœur, celle que j’avais vue en guenilles et pieds nus auprès des chevaux, le jour de la course à Turenne ; cette fois, elle était vêtue coquettement et allait à Brive pour faire des emplettes pour sa noce qui est dans huit jours ; son mari sera un heureux drôle pendant quelques moments… C’est de l’espèce la plus fine et la plus piquante, la blonde armée de tous ses attraits particuliers et qui sont incomparables. Je l’avais bien devinée la première fois.

Nous parcourons la ville, après avoir assuré ma place pour une heure, pour Périgueux et Angoulême ; nous allons au séminaire, où je dessine, et nous revenons déjeuner.

Ce déjeuner, à cette heure, m’a rendu toute la journée insensible aux beautés du pays que je traversais. La chaleur aussi était excessive ; le coupé de cette diligence était affreux : pas une vitre ne tenait, j’ai été tantôt grillé par le soleil, tantôt gelé sans pouvoir m’en défendre par le courant d’air établi entre les deux portières.

Dans la première partie du voyage, je guettais la maison de campagne de Mme Rivet, que définitivement je n’ai pas vue.

Il y avait avec moi dans le coupé un gros et frais jeune homme qui m’a conté, avec un grand contentement de lui-même, qu’il venait de Limoges où il avait été faire emplettes de ses cadeaux de noces pour une