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Page:Delair - L’Éloge d’Alexandre Dumas, 1872.djvu/13

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Tu savais rire ! Non du rire irrémédiable
Des méchants, mais du rire en toute bonne foi !
Si c’était pour de l’or qu’on se vendait au diable,
C’était pour de l’esprit qu’on se donnait à toi !

— Il en avait pour tout le monde ! Franc, sincère
Et vif, comme nos vins pétillants, sans apprêts,
Sans aigreur ! — S’il restait une goutte en son verre
Après souper, c’était pour le Mançanarès !

Ô verve étincelante et causerie exquise !
Demi-mots savoureux, mots brillantés, nouveaux !
Et quel charme de voir le duc et la marquise
Dévider les jolis sentiers de Marivaux !

Car il aimait ce temps, fait d’étoffes légères,
Où les galants rimaient amour et jour, toujours ;
Où les peintres menaient de divines bergères
En souliers de satin sur l’herbe de velours ;
 
Où du ciel clair chassant les symboles moroses,
Boucher dans l’azur tendre improvisait, lascif,
Tout un Olympe avec de la crème et des roses, —
Où les faunes riaient dans l’ombre du massif !

Héros ! Comédiens ! Déesses ! — Parabère,
Les belles de Saint-Cyr ! Richelieu ! Pompadour ! —
Coquettes et roués, guerriers toujours en guerre,
Arrachant, pour traiter, une plume à l’Amour !