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Page:Delair - L’Éloge d’Alexandre Dumas, 1872.djvu/27

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Une race apparaît sur ce sol dévasté,
Jeune, ardente, et se rue à l’immortalité !

Et dans ce pays, plein de cendre et de fumées,
D’où naguère il voyait sortir quatorze armées
Et dont il écoutait vingt-cinq ans le tambour,
Le monde stupéfait, pris de rage et d’amour,
Entend le bruit sacré des esprits à l’ouvrage : —
L’Ode, ouvrant largement ses ailes dans l’orage ;
La Méditation, avec ses doigts de feu,
Creusant nos cœurs meurtris pour y retrouver Dieu ;
Le Drame, entre-choquant les âmes ; l’Épopée
Au val de Roncevaux ramassant notre épée ;
L’Art, dans la douleur même allant chercher le Beau ;
Et l’Histoire, plongeant dans la nuit son flambeau,
Et des peuples vaincus ravivant les batailles ;
Machiavel soudain se trouvant des entrailles ;
La Politique en pleurs criant : Fraternité,
Et prédisant ton jour, ô sainte Humanité ! —
Un triomphe nouveau passant sous la vieille arche
Et dans tous les sentiers enfin, — l’Idée en marche !

Voilà ce que voyait le Monde ! — Et parmi ceux
De l’avant-garde, éveil bruyant des paresseux,
Tu sonnais de la trompe et tu lançais la chasse,
Mon vaillant ! Tu montrais ta franche et forte face
Dans ce groupe hardi que dominait, serein,
L’homme de Notre-Dame et son vers souverain ! —
Entre toutes criait ta plume aventureuse !