Telle me paraît être la première origine de plusieurs de ces pics décharnés, qui composent les sommets des hautes montagnes.
Quand on considère les sommets des chaînes du Mont-Blanc, qu’on appelle anguilles, on ne peut douter que ces causes n’aient beaucoup contribué à les amener à l’état où ils se trouvent. Tous sont en mines, et ne présentent plus que des pics décharnés, dont une partie s’écroule tous les jours. Plusieurs sont coupés presque verticalement à la hauteur de plusieurs centaines de toises. Il n’est pas douteux qu’un grand nombre de ces effets est dû à l’action des eaux.
Cette action des eaux y a laissé en plusieurs endroits des effets qu’on ne saurait méconnaître à la Valorsine, à une distance peu éloignée des aiguilles, et à plus de douze cents toises de hauteur, on voit des cailloux roulés ; et plusieurs sont déposés presque verticalement. On ne saurait douter que ces cailloux n’aient été produits par un mouvement des eaux.
On retrouve les mêmes traces de l’action des eaux primitives, sur tous les sommets de toutes les hautes montagnes ; les Pyrénées, le Taurus, l’Immaüs, l’Altaï, les Andes… présentent partout des pics décharnés.
Les eaux des pluies et les autres agents extérieurs ont continué à dégrader ces pics, lorsqu’ils furent sortis du sein des eaux, et cette dégradation augmente tous les jours. Les frimats, les neiges, les gelées, l’action de la chaleur du soleil, les eaux courantes… attaquent les pierres les plus dures et les décomposent. L’eau qui s’est insinuée entre les scissures, qui séparent les cristaux, venant à se congeler, occupe plus de volume : elle divise, elle fendille ces masses avec de grands efforts : les parties détachées se précipitent les unes sur les autres… et la montagne se dégrade de plus en plus.
Toutes les hautes sommités des Alpes, telles que les aiguilles