Page:Delamétherie - Leçons de géologie II.djvu/127

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Mais quelles sont les eaux qui ont charrié ces masses ?

Ferber attribue ce transport des masses granitiques au cours des fleuves. En parlant des blocs granitiques déposés sur les montagnes calcaires de l’état vénitien, il dit : « Comment ces roches détachées peuvent-elles avoir été portées où on les voit ? Elles sont semblables, il est vrai, à celles qu’entraînent dans leur cours l’Adige et la Brenta en traversant les montagnes du Tyrol. Mais ces rivières ont-elles pu, dans leur état actuel, déposer ces roches roulées en des lieux élevés aujourd’hui de quelques pieds au-dessus de leur lit… Cela paraît impossible… Il est donc plus naturel de croire que l’Adige et la Brenta avaient autrefois leurs cours à cette hauteur. Le cours de leurs eaux a peut-être suffi pour couper et percer des vallons fort au-dessus de ceux qu’elles arrosaient (Ferber, Lettres sur l’Italie, page 56). »

Il ne paraît pas que les eaux des fleuves aient pu produire des effets aussi considérables.

Il n’y a que les eaux des mers, ou des lacs immenses, qui aient été capables de déplacer des masses aussi pesantes.

Les nouvelles expériences de Bremontier, rapportées dans le Journal de Physique (tome 79, page 73) font voir la force prodigieuse des lames des grandes masses d’eaux. Il a exposé à l’impétuosité des ondes de la mer, auprès de Saint-Jean-de-Luz, des pierres du poids de mille livres, et de douze cents livres. La force des lames les souleva et les déplaça.

Les lames, dans ces cantons, ne s’élèvent que de quelques pieds.

Mais, dans d’autres parages, comme à Saint-Malo, elles s’élèvent jusqu’à quarante et cinquante pieds. Quelle force ne doivent-elles donc pas avoir ?

On doit donc supposer que dans tous les lieux où on trouve