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Il y eut en 1783, un courant de laves en Islande, qui courut quatre-vingt-quatorze milles en longueur, et couvrir un espace de cinquante milles en largeur (Spallanzani, tome 3 de ses voyages). Quel degré de chaleur ne faut-il pas pour réduire en fusion des masses aussi considérables !

Ces laves conservent quelquefois leur chaleur pendant plusieurs années. Celle de l’Etna de 1614, coula pendant dix ans, suivant le rapport des observateurs, et ne parcourut que deux milles.

Il y a de ces courans de laves qui sont liquides comme de l’eau : tel fut le courant de 1786, dans l’île Bourbon, suivant le rapport de Hubert[1].

Tous ces faits, et une multitude d’autres analogues, ne permettent pas de douter qu’il n’y ait de grands degrés de chaleur dans l’intérieur des volcans.

Cependant plusieurs physiciens sont d’un avis contraire, et ils apportent d’autres faits pour appuyer leur opinion.

On trouve au milieu de ces laves si ardentes, dit-on, des substances très-fusibles, telles que des augites, des hornblendes, des zéolites, des stilbites, des analcimes… Comment ces substances n’auraient-elles pas été réduites en fusion, si la chaleur des laves était aussi considérable qu’on le prétend ?

Il me semble qu’on peut fournir des réponses satisfaisantes à cette objection, et expliquer les faits que nous venons de rapporter.

1°. Plusieurs de ces cristaux trouvés dans les laves, sont postérieurs au refroidissement de la lave ; tels sont les zéolites, les analcimes, les stilbites… Ils paraissent avoir été produits

  1. Borry de Saint-Vincent.