Page:Delamétherie - Leçons de géologie II.djvu/293

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Il n’est donc pas plus prouvé que les eaux se soient retirées ou élevées à Alexandrie, qu’il n’est prouvé qu’elles se sont élevées ou abaissées sur les côtes de Hollande.

Et ce qui paraît bien confirmer cette opinion, c’est que sur la même côte, la mer paraît s’élever dans un endroit, et s’abaisser dans un autre. Ainsi sur les côtes de France, les eaux paraissent s’élever à Saint-Jean-de-Luz, et s’éloigner à Bayonne : elles paraissent s’élever au Havre, à Boulogne, et s’abaisser à Dunkerque. Plusieurs causes concourrent à ces abaissemens ou élévations apparentes.

1°. À l’action des flots de la mer sur les côtes.

Blondeau, qui avait beaucoup travaillé aux digues construites sur ces rivages de l’Océan, fait voir tous les effets opposés qui sont produits par cette cause. « Il est de notoriété publique à Calais, dit-il, que la mer s’éloigne et se retire de tous les endroits où la côte est platte, par la quantité de sable que les flots y apportent ; tandis qu’elle gagne dans les lieux où la côte est fort escarpée. Elle y bat avec force, ses flots rongent, démolissent… ces buttes, et avancent dans les terres. » (Journal de Physique.)

Les flots, dans les mouvemens de tempête, ou de gros tems, apportent, sur la côte qui est platte, une grande quantité de sables qu’ils y abandonnent, et dès-lors la côte paraît être élevée ; les eaux, dans leurs mouvemens ordinaires, ne peuvent atteindre cette hauteur…, et il semble que la mer se retire et s’éloigne du rivage.

2°. L’affaissement de terrains marécageux peut encore produire des effets qui induiraient en erreur l’observateur peu attentif.

À Venise, le palais ducal, la place de Saint-Marc… sont enfoncés dans les eaux ; on a été obligé de relever le sol de cette dernière. Or, on sait que Venise a été construite sur un terrain