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des eaux du port ne lui a pas paru avoir changé d’une manière sensible depuis Alexandrie[1].

Ces faits, qui sont bien constatés, assurent que depuis plus de vingt-cinq siècles le niveau des eaux de la Méditerranée n’a pas changé sensiblement sur ces côtes. Il ne saurait par conséquent avoir changé d’avantage sur les autres. Tous les faits, qu’on pourrait citer comme contraires à ceux-ci, doivent donc dépendre d’autres causes. Je vais en assigner quelques-unes.

La première dépend des attérissemens. Cette cause est très active, et on doit lui attribuer plusieurs faits célèbres, qu’on regardait comme des preuves évidentes de la diminution des eaux des mers, et de leur abaissement.

Carthage, Alexandrie, Aigues-Mortes… étaient des ports considérables, il y a peu de siècles ; et aujourd’hui ils sont à une distance plus ou moins éloignée du rivage. Mais il n’est pas douteux que cet éloignement apparent n’est dû qu’aux attérissemens et aux sables accumulés sur la côte : car en creusant dans ces sables, on y pratique des canaux qui amènent l’eau à leur ancien niveau, comme cela se pratique à Aigues-Mortes. Ainsi il n’est pas douteux que le niveau des eaux n’y a pas changé sensiblement. C’est le torrent de Vistre, d’un côté, et les flots de la mer de l’autre, qui ont produit l’attérissement d’Aigues-Mortes.

A Alexandrie, le Nil d’un côté, et les vagues de la Méditerranée de l’autre, ont comblé une partie de l’ancien port.

En Hollande, les grands fleuves d’un côté, et de l’autre, les sables apportés par l’Océan, forment les dunes de ces contrées, comblent le Zuiderzée, et produisent ces bancs de sables, qui s’étendent jusques sur les côtes de l’Écosse.

  1. Journal de Physique, tom. 40.