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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

était déjà venu à Rome pour apprendre ce qu’il convenait de soutenir concernant l’opinion de Copernic, desquelles matières il s’est entretenu plusieurs fois avec les seigneurs cardinaux du Saint-Office, et en particulier avec les SS. Bellarmino, Aracœli, de Saint-Eusèbe, Bonzi et Ascoli, et que finalement il fut, par la congrégation de l’index, déclaré que la susdite opinion de Copernic, absolument prise, était contraire à la sainte Ecriture, et ne pouvait se soutenir et se défendre que par supposition. Cette déclaration lui fut notifiée par le cardinal Bellarmin… Il avoue l’injonction ; mais se fondant sur le certificat du cardinal Bellarmin (certificat qu’il produit), dans lequel les paroles quovis modo docere ne sont pas énoncées, il dit qu’il ne les avait pas retenues ; que pour imprimer son livre il vint à Rome ; qu’il le présenta au maître du S.P., qui le fit revoir et lui accorda la permission de l’imprimer à Rome. Contraint de s’en aller, il demanda par lettre la permission de l’imprimer à Florence ; mais lui ayant été répondu qu’on voulait de nouveau revoir l’original, et n’étant pas possible de l’envoyer à Rome sans danger, à cause de la contagion, il le remit à l’inquisiteur, lequel le fit revoir par le père Stefani, après quoi on lui accorda la permission de l’imprimer, en observant ce qui avait été prescrit par le maître du S.P., que si en demandant ladite permission il ne dit pas au maître du S.P. l’injonction susdite, c’est qu’il estima n’être pas nécessaire de la dire, n’ayant pas, dans son livre, adopté et défendu l’opinion de la stabilité du Soleil et du mouvement de la Terre, avant d’avoir montré le contraire et le faible des raisons données par Copernic. »

Après ce discours, Galilée fut conduit dans le logement du magnifique Charles Sincere, procureur fiscal du Saint-Office, qu’on lui avait donné pour prison ; et dix-huit jours après, c’est-à-dire le 30 avril, il demanda d’être entendu et dit (folio 75 des pièces originales) :

« Ayant fait réflexion aux demandes qui m’ont été faites par rapport à l’ordre à moi donné de ne soutenir, défendre ni enseigner quovis modo la susdite opinion, pour le présent condamnée, je pensai à relire mon livre, que je n’avais pas revu depuis trois ans, afin d’observer si, contre mes intentions, les plus pures du monde, il ne serait pas sorti de ma plume des choses d’où l’on pût arguer tache de désobéissance, et autres objets qui donnassent lieu de m’imputer le dessein de contrevenir aux ordres de la sainte Eglise ; et l’ayant minutieusement examiné, m’y attachant, à cause du long non usage, comme à un écrit nouveau et d’un autre auteur, je confesse librement qu’il m’a