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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

paru en plusieurs endroits tellement étendu, que le lecteur, qui ne me connaît pas bien, aurait eu sujet d’en inférer que les argumens avancés comme du parti faux, et que j’ai eu intention de réfuter, ont été énoncés de telle manière, que leur force engagerait plutôt à les adopter qu’elle ne laisserait un libre choix. Deux surtout en particulier, l’un des taches solaires, l’autre du flux et reflux de la mer, entrent dans les oreilles du lecteur avec des attributs de force et de vigueur extraordinaire, plus qu’il ne paraissait convenir à l’auteur, qui les tient pour non concluans, et qui voudrait les réfuter, comme en effet dans mon intérieur et avec vérité, je les ai estimés et les estime encore comme non concluans et susceptibles de réfutation ; et pour m’excuser moi-même envers moi-même d’avoir donné dans une erreur aussi éloignée de ma propre intention, je ne m’en tiens pas uniquement à dire que dans l’exposé des argumens de la partie adverse, quand on a la volonté de le réfuter, on doit, surtout en écrivant en dialogue, s’attacher à la forme la plus exacte, et non les pallier au désavantage de l’adversaire. Non content, dis-je, d’une telle excuse, j’ai recours à celle de la complaisance naturelle que chacun a pour ses propres subtilités, et l’envie de se montrer plus fin que le commun des hommes, en trouvant, pour les propositions fausses, d’ingénieux et de spécieux discours de probabilité. En conséquence, quoique je sois comme Cicéron, avidior gloria quam satis sit, si j’avais maintenant à déduire les mêmes raisons, il n’y a point de doute, je les énerverais en telle sorte qu’elles n’auraient plus l’apparence de la force dont elles sont essentiellement et réellement privées. Mon erreur donc a été, je l’avoue, une vaine ambition, une pure ignorance et une inadvertance. Pour plus grande preuve que je n’ai point tenu et ne tiens point pour vraie l’opinion susdite du mouvement de la Terre et de la stabilité du Soleil, je suis prêt à en faire une plus grande démonstration. Si on me l’accorde, l’occasion est favorable, attendu que, dans le livre publié, les interlocuteurs sont d’accord de se retrouver ensemble après un certain temps, pour discourir sur divers problèmes physiques réservés et simplement annoncés dans leurs conférences ; et comme je dois y ajouter une ou deux journées, je promets de reprendre les argumens déjà donnés en faveur de ladite opinion fausse et condamnée, et de les réfuter de la manière la plus efficace que Dieu m’inspirera.

Pour sa défense, il présente le certificat du C. Bellarmin, aux fins de montrer qu’on n’y trouve point les paroles de l’injonction, quovis