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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

les plus profonds, auxquels il n’a pas d’autre moyen de les faire parvenir.

On verra dans notre Histoire quelle fut la conduite de Galilée après le décret de 1616. Nous y donnons tous les détails de ce procès scandaleux, et toutes les pièces authentiques publiées par Riccioli. Nous ajouterons ici, d’après le recueil déjà cité de M. Venturi, que Benoît XIV a fait disparaître ce décret de l’index ; c’est-à-dire, en d’autres termes, qu’il l’a annulé. Mais quand nous avons écrit l’article Galilée dans notre Histoire, le livre de M. Venturi n’avait point encore paru. Ce livre même nous a fait naître l’idée de chercher et de consulter tous ceux qui avaient lu les pièces originales du procès, pendant qu’elles étaient à Paris. Nous avons obtenu les renseignemens curieux qu’on vient de lire. Ces pièces formeraient un volume de 200 pages environ, sans la traduction française, qu’on avait dessein d’y joindre. Dans la dénonciation de Lorini, dont nous avons fait ci-dessus une simple mention, on lit qu’un des griefs du bon père était le chagrin de voir attaquer la philosophie d’Aristote, dont la théologie scolastique fait tant d’usage. Il demande que, dans le cas où il y aurait lieu à correction, on puisse apporter les remèdes nécessaires pour que parvus error in principio non sit magnus in fine. On voit dans ces pièces que, le 19 mars 1615, le saint Père ordonna qu’on fît venir Caccini, qu’on le fixât à Rome avec le titre de maître et bachelier du couvent de Sainte-Marie de la Minerve, pour entendre plus commodément les dépositions et les renseignemens qu’il pourrait fournir. Voyez au reste, pour de plus grands détails, le volume publié par M. Venturi, et la suite qu’il promettait et qui vient de paraître sous le titre : Memorie e Lettere di Galileo, parte seconda. Modena, 1821, in-4o. Voyez aussi, dans le Mercure de France, février et mars 1785, deux écrits de Mallet-Dupan et Ferri, l’un contre et l’autre pour Galilée. Mais ces deux auteurs ne connaissaient aucune des pièces originales du procès ; ils ont dû se tromper assez souvent. Par exemple, Mallet assure que Galilée avait toute permission de traiter la question du mouvement de la Terre en astronome et en physicien, pourvu qu’il n’y fit point intervenir la Bible. Il paraît que Mallet n’avait pas lu les dialogues où Galilée ne parle qu’en physicien et en astronome, et où il n’est nullement question de l’Écriture ni des interprétations qu’on peut donner à quelques passages pour les concilier avec le système de Copernic.

Tiraboschi a imprimé que si Galilée eut été moins chaud et moins imprudent, jamais il n’eût été tourmenté pour ses opinions. Et, dans le