longtemps avant la première de ses découvertes, et qu’il n’a jamais véritablement abjurée.
Dans une lettre à Képler, qui venait de lui envoyer son Prodrome, on voit que, dès 1597, et longtemps auparavant, Galilée était copernicien décidé, qu’il avait beaucoup écrit sur ce sujet, mais qu’il n’avait osé rien publier ; il craignait le sort de leur maître commun, Copernic, qui, en s’acquérant une renommée immortelle dans l’esprit d’un petit nombre de lecteurs intelligens, s’est rendu ridicule aux yeux des sots, qui partout composent le grand nombre. Il serait plus hardi, s’il pouvait compter sur beaucoup de lecteurs tels que Képler. Celui-ci, dans sa réponse, lui conseille de prendre plus de confiance ; la force de la vérité est telle, qu’il doit compter sur les suffrages de tous les mathématiciens de l’Europe. Cependant, s’il trouve quelque danger à publier sa dissertation en Italie, il peut espérer plus de facilité en Allemagne. En effet, dans son Prodrome, Képler avait hautement plaidé la cause de Copernic, toute sa vie a été employée à fortifier de nouveaux argumens la nouvelle doctrine, et l’on n’a rien qui puisse donner le moindre soupçon qu’il ait été inquiété pour avoir librement expliqué sa pensée.
Seulement on voit, par une lettre adressée par lui à tous les libraires étrangers, août 1619, qu’il avait craint que si ses livres venaient à être prohibés en Italie, comme ceux de Copernic et de Foscarini, cette interdiction n’en restreignît le débit, et ne devînt nuisible à ses intérêts pécuniaires. Il déclare qu’il a écrit avec la liberté germanique ; mais qu’il est chrétien, fils de l’Evangile, et qu’il a toujours embrassé et approuvé la doctrine catholique autant qu’il a été en lui. (Quantum ad hanc usque meam œtatem capere potui.) L’opinion copernicienne avait été librement professée pendant près de 80 ans. Vieux disciple de Copernic, dont depuis 26 ans il est déclaré partisan, il apprend cette nouvelle, mais il espère que cette censure n’a pas été portée pour interdire toute dispute sur des choses purement naturelles. Jusqu’ici Copernic n’a pas été suffisamment entendu ; il se flatte qu’on ordonnera la révision de la cause, qu’on pèsera les nouvelles raisons qu’il expose dans son livre des Harmoniques, et que les juges, mieux instruits, réformeront la première sentence. En attendant, il conseille aux libraires de ne point rendre trop publique la vente de son livre, et de n’en céder les exemplaires qu’aux plus habiles théologiens, aux plus célèbres d’entre les philosophes, aux mathématiciens les plus exercés, enfin aux métaphysiciens