fait, que lui importait de convertir des moines ignorans ou des partisans entêtés de l’ancienne philosophie ? Ne lui suffisait-il pas d’avoir donné aux astronomes les preuves les plus plausibles de l’opinion qu’il soutenait : et que pouvait faire pour l’Astronomie l’opinion du vulgaire ? Tel était le sentiment du célèbre frère Paolo, et voici ce qu’il écrivait à l’occasion de ce voyage à Rome, dont on vient de lire l’histoire.
« J’apprends que Galilée se transporte à Rome, où il est invité par plusieurs cardinaux pour y démontrer ses nouvelles découvertes dans le ciel. Je crains bien que, dans cette circonstance, il ne développe les raisons qui le portent à préférer la doctrine du chanoine Copernic ; ce qui ne plaira nullement aux Jésuites ni aux autres moines. Ils ont changé en question théologique ce qui n’était qu’une question de Physique et d’Astronomie ; et je prévois, avec un grand déplaisir, que pour vivre en paix et sans le nom d’hérétique et d’excommunié, il se verra contraint à abjurer sur ce point ses véritables sentimens. Il viendra cependant un jour, et j’en suis presque certain, où les hommes, éclairés par de meilleures études, déploreront l’infortune de Galilée et l’injustice faite à un si grand homme ; mais, en attendant, il faudra qu’il la souffre, et il ne pourra s’en plaindre qu’en secret… L’hypothèse copernicienne, loin d’être contraire à la parole de Dieu révélée dans les saintes Ecritures, fait honneur bien plutôt à la toute-puissance et à la sagesse infinie du Créateur. »
Voilà certainement ce qui a été écrit de plus sage à l’occasion de cette dispute. Il y a loin de ce jugement et de ce passage vraiment prophétique du moine Sarpi, à l’opinion d’un archevêque de Pise, qui conseillait à Castelli pour son bien, et s’il voulait éviter sa ruine, d’abandonner le système de Copernic, parce que cette opinion, outre qu’elle est une sottise, est périlleuse, scandaleuse, téméraire, hérétique, et contraire à l’Ecriture. L’abbé Maurolyc avait prononcé que Copernic méritait d’être fustigé plutôt que repris plus sévèrement. Cette opinion, d’un homme qui avait la réputation d’un habile mathématicien, celle de quelques envieux, à qui l’on était obligé de supposer quelques connaissances, ont été aussi nuisibles à Galilée que celle de ses adversaires les plus fougueux. Si tous les professeurs de Mathématiques avaient montré plus d’union et moins de mollesse, les théologiens, qui les consultèrent pour la forme, auraient été retenus ; ils auraient mis un frein à leur zèle sauvage, et ils ne se seraient pas déshonorés par des excès si ridicules.
Les travaux qui ont acquis à Galilée la réputation du premier physi-