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RÉFORMATION DU CALENDRIER. 5g

rent, puisque les pleines Lunes retardent chaque année de onze jours plus ou moins. Cette pleine Luue avait été accompagnée d’une éclipse de Soleil qui avait été totale pour toute la Terre pendant trois heures. Voilà des circonstances qui jamais ne se reproduirout j c’était une raison très forte pour ne faire aucune attention à la Lune. On s’est bien permis d’abandonner la Lune vraie pour la Lune moyenne , et même de s’écarter des mouvemens moyens pour s’astreindre à des périodes inexactes desquelles résulte une nécessité indispensable de manquer réellement à la condition essentielle, et qui font qu’assez souvent la Pàque n’est célébrée que 35 jours après l’équinoxe.

Pag. 640 démon Abrégé, en donnant la définition et l’élymologie du mot bissextile, j’ai dit qu’il fallait donner uue idée de la manière bizarre et même un peu barbare dont les Romains se servaient pour compter les jours du mois. Sur cela , M. C. nous dit que je parle en cet endroit comme s’il n’y avait pas d’autre raison pour se mettre au fait de cet ancien calendrier, ce qui ne causera pas peu de surprise aux personnes instruites. Je puis dire à M. C. qu’il ne m’a pas compris. Parmi les lecteurs de mon dernier chapitre, j’ai cru qu’il pourrait se trouver des personnes qui ignorassent absolument cette étyniologie, c’est pour elles que je l’ai donnée et nullement pour les personnes instruites. Mais ces personnes mêmes peuvent san& un inconvénient bien grave, ignorer, par exemple, à quel jour précisément tombaient les ides ou les nones de tel mois. Celte connaissance est assez inutile à ceux qui lisent Ovide ou Cicéron; elle peut être nécessaire dans quelque chancellerie et à quelques antiquaires. Quant au Calendrier grégorien, je ne sais pas ce qui se passe à Rome, mais je puis certifier qu’à Paris, j’ai vu nombre de personnes très instruites qui n’avaient qu’une idée très vague d’un calendrier; que jamais elles n’avaient été tentées d’étudier; j’oserai même dire que jamais je n’ai rencontré un moine, un ecclésiastique, un curé qui en sût le premier mot. Ils prennent la Pàque telle qu’on la leur donne; si on l’eût fixée à l’un des dimanches d’avril, ils l’auraient prise de même ’et sans la moindre réclamation. Peut-être même n’y a-t-il en France que ceux qui ont écrit sur le calendrier qui y comprennent quelque chose; et ceux qui lisent les traités où l’on en donne l’explication, se bornent à y prendre les définitions de la lettre dominicale, de l’épacte et du nombre d’or, et quelques-uns des usages les plus communs, sans en étudier la composition , ni s’embarrasser des peines qu’elle a données, ni des erreurs auxquelles elle peut donner lieu; voilà ce dont je crois être certain. Du reste, ceux qui