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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

tions. Nous avons donc deux méthodes également sûres d’interpolation : celle de Briggs paraît d’abord plus facile ; mais elle exige des attentions plus minutieuses, et, de l’aveu de l’auteur, elle ne réussit que dans les cas où la dernière différence est d’un ordre impair ; celle que nous devons à Mouton est plus uniforme, plus générale, et nous la préférons.

Mouton nous fournit des moyens précieux pour abréger la construction des tables astronomiques et les calculs des éphémérides. Hévélius, qui vient après lui, fut l’un des plus grands observateurs que nous connaissions. Ses instrumens surpassent ceux de Tycho, et sont d’un usage plus commode ; ses observations sont et plus nombreuses et plus précises. Il sut en tirer un catalogue d’étoiles plus exact et plus étendu. Il est connu par une description de la Lune, la plus complète qui existe ; il eut des idées assez justes de la libration de la Lune, qu’il a observée plus assidûment que personne, et dont il a donné une explication presque entière ; il a fait des recherches immenses sur les comètes, et il leur assigne pour orbites des sections coniques et surtout des paraboles ; il ne dit pas que le Soleil en occupe le foyer, mais il démontre que l’orbite rectiligne ou circulaire est insuffisante pour satisfaire à toutes les observations d’une même comète. Il fut au nombre des savans étrangers qui ont reçu les bienfaits de Louis XIV. Un incendie affreux détruisit en son absence son observatoire, ses instrumens, ses manuscrits et l’édition presque entière du second volume de sa Machine céleste, où il avait consigné toutes ses observations ; il n’en resta qu’une cinquantaine d’exemplaires, dont il avait disposé en faveur de quelques amis et de plusieurs savans. Dans sa vieillesse, il recommença tous ses calculs, refit ses tables du Soleil et prépara l’édition du Firmamentum Sobescianum, qui ne parut qu’après sa mort. Il a combattu l’application des lunettes aux instrumens pour la mesure des angles. Sans la rejeter définitivement, il se borne à proposer ses doutes, fondés sur le nombre d’attentions indispensables pour se prémunir contre les illusions optiques. Il a peine surtout à se persuader que cette invention nouvelle puisse assurer aux observations une précision soixante fois plus grande, et en ce point il a pleinement raison. Les distances observées avec ses pinnules, comparées à celles que Flamsteed avait mesurées avec un sextant à lunettes, prouvent que les erreurs de ses pinnules ne sont pas aussi fortes, ni la précision due aux lunettes aussi considérable qu’on l’assurait. L’avantage de Flamsteed n’est ordinairement que de quelques