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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

premier micromètre fut celui de Picard, qui sut mesurer le chemin du curseur d’Auzout, en sorte qu’en enfermant une planète entre ce curseur et l’un des fils immobiles, on avait la mesure du diamètre avec bien plus de certitude que par la petite lame qui le couvrait entièrement. Ces progrès étaient grands ; ils n’étaient encore qu’une amélioration des idées non publiées de Gascoyne. 11 restait à faire un pas plus important : L’application de la lunette à la mesure des angles. Il fallait déterminer exactement la situation de l’axe optique, et le rendre bien parallèle au plan de l’instrument. Picard y parvint, en donnant aux lunettes qu’il appliquait à ses instrumens la forme de la lunette d’épreuve, dont il est le premier inventeur. Ce n’était pas assez que l’axe optique fut parallèle au plan de l’instrument, il fallait ou le rendre parallèle au rayon mené du centre au zéro de la division, ou du moins il fallait trouver l’angle que faisait l'axe optique avec ce rayon, quand la lunette était placée sur le zéro de la division. Picard donna, pour trouver cet angle, le moyen dont on se sert encore aujourd’hui ; il donna même le moyen de rendre cet angle nul, ou de le diminuer à volonté, quand on ne préfère pas d’en tenir compte dans le calcul des observations, car le plus souvent cet angle est d’un petit nombre de secondes. Avec ces moyens tout nouveaux, Picard forma des quarts de cercle et des secteurs avec lesquels il mesura le premier degré qui méritât quelque confiance. Ce degré fournit à Newton l’une des données indispensables pour les calculs de la force qui retient la Lune dans son orbite, et qui ont conduit ce grand géomètre à la première preuve directe qu’on eut de la gravitation universelle supposée par Képler dans sa Physique céleste.

Alterius sic
Altera poscit opem res et conjurat amice.

Picard est le premier auteur de la méthode des hauteurs correspondantes et de la correction du midi. Il ne lui manquait plus rien pour établir le système d’Astronomie pratique, qu’il avait exposé à l’Académie dès l’an 1669. On lui fit attendre dix ans le quart de cercle mural, qu’il demandait avec des instances continuelles ; il n’eut pas le plaisir de le placer lui-même dans le méridien, il était mourant quand enfin l’instrument fut terminé. En attendant, il avait essayé de faire tourner une lunette dans le plan du méridien. Cette idée fut réalisée par son élève Roëmer, et perfectionnée par les modernes. Elle a fourni l’un des deux instrumens fondamentaux de l’Astronomie. Roëmer construisit