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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

encore que Galilée, il se flatta qu’il avait donné tout ce qui était nécessaire pour bien déterminer les longitudes. Ses essais n’eurent cependant pas encore tout le succès qu’il en attendait ; mais il ouvrit la route, et si l’on a pu de nos jours atteindre le but, c’est à ses inventions qu’on en est redevable. Ce but était celui de toutes ses recherches ; il ne lit aucune attention au service bien plus important qu’il rendait à l’Astronomie, en lui fournissant un moyen plus précis pour observer les ascensions droites. Mais pour tirer ce parti de son invention, il eût fallu qu’il y joignît ou la lunette méridienne de Roëmer ou tout au moins le mural de Picard. Mais son horloge à pendule n’en est pas moins une de ces découvertes mères à qui l’on doit en grande partie des progrès dont l’auteur lui-même n’avait pas une idée bien complète. Ses théorèmes sur l’horloge oscillatoire lui assurent un rang distingué parmi les géomètres. Newton le citait comme un modèle, sans doute parce qu’il ne faisait de l’Algèbre que l’usage le plus sobre, et qu’il s’éloignait des idées de Descartes pour se rapprocher de celles des anciens. Ses théorèmes sur les forces centrales, ses recherches sur les probabilités, ses fractions continues, lui ont mérité les éloges des plus grands analystes ; il paraît avoir démontré le premier que la Terre est un sphéroïde aplati. S’il ne trouva pas la cause de cet aplatissement, il le prouva du moins par l’expérience, en combinant la direction des graves, perpendiculaire à la surface, avec la force centrifuge qui devrait écarter le pendule de la perpendiculaire. Quoiqu’il n’ait pu se résoudre à admettre la gravitation universelle et réciproque de toutes les particules de la matière, parce qu’elle renversait, comme il le dit lui-même, son explication de la pesanteur, il sut louer avec une noble franchise le rival heureux dont il ne rejetait que les idées, qu’il trouvait trop incompatibles avec ses propres systèmes.

Morin s’était assuré le premier que les lunettes faisaient voir les étoiles en plein jour ; mais, pour les observer, il eût fallu se donner des points fixes dans le champ de la lunette. Il ne put y réussir, et son heureuse expérience était complètement oubliée. On avait trouvé ces points fixes, en partageant le champ de la lunette en petits espaces égaux et carrés, formés par des fils qui se croisaient au foyer. Huygens plaça parallèlement à ces fils de petites lames de différentes largeur, que l’on pouvait substituer les unes aux autres, jusqu’à ce qu'on eût trouvé celle qui couvrait exactement le diamètre d’une planète. Auzout avait donné le premier réticule ; Gascoyne l’avait trouvé plus anciennement, mais il en avait fait mystère. Huygens suggéra la première idée du micromètre ; mais le